Stephanus Johannes Paulus Kruger (né le 10 octobre 1825 à Bulhoek en Afrique du Sud - mort le 14 juillet 1904 à Clarens en Suisse) - plus communément appelé Paul Kruger - est un homme politique boer, président de la république sud-africaine du Transvaal de 1883 à 1902.
Les origines familiales de Paul Kruger en Afrique du Sud remontent à Jacob Kruger (1690-1749). Celui-ci était né près de Berlin en Prusse et avait débarqué dans la colonie du Cap en 1714 comme soldat au service de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Il s'était par la suite installé dans la colonie en tant que fermier.
Parmi ses descendants, certains étaient devenus des Trekboers (des nomades) qui avaient finalement pris racine dans la région de Cradock.
Stephanus Johannes Paulus Kruger est né près de Venterstad dans la colonie du Cap, Afrique du Sud. Il est le fils de Kasper Jan Hendrik Kruger, et d’Elsie Fransina née Steyn.
Il ne passe que trois mois à l'école et fait l'essentiel de son éducation au milieu du Veld.
Sa famille fait partie des quatorze mille Boers qui émigrent de la colonie du Cap dans les années 1835-1840 lors du Grand Trek.
Menée par son père, Casper Kruger, la famille de Paul Kruger rejoint d'abord le convoi de Piet Retief en 1836 avec lequel elle participe aux combats contre les Zoulous. Les Kruger se joignent ensuite au convoi de Hendrik Potgieter avec lequel ils franchissent le fleuve Vaal en 1838. Casper Kruger et son frère participent alors à la fondation de Potchefstroom, première ville boer située au nord des frontières de la colonie du Cap.
Un peu plus tard, Casper Kruger installe sa famille plus au nord, dans le district de Rustenburg.
En 1854, Kruger est commandant de Rustenburg. En 1841, âgé de seize ans, Paul Kruger s'émancipe de sa famille et se bâtit une ferme au pied des monts Magaliesberg. Intéressé par les questions militaires, il est aussi sous-lieutenant dans l’« armée du Transvaal ».
En 1842, il épouse Maria du Plessis. Le couple séjourne un temps avec Casper Kruger dans l'est du Transvaal avant de revenir s'établir à Rustenburg où Maria et son enfant nouveau-né meurent tous deux du paludisme en 1846.
Paul Kruger se remarie alors avec Gezina du Plessis, ex-épouse de son cousin, de laquelle il aura sept filles et neuf garçons (certains moururent en bas âge).
C'est dans cette partie du continent que Kruger acquiert sa première ferme, Waterkloof.
La participation de sa famille au Grand Trek lui sert alors pour participer à la vie politique de la République du Transvaal.
"Oom Paul" (Oncle Paul), nom affectueux, respectueux et familial donné par les Boers au président de la République du Transvaal.
En 1856, il est membre du parlement républicain (Volksraad) qui rédige la constitution de la République sud-africaine (Transvaal).
En 1858, il est promu commandant général de l'armée du Transvaal faisant de lui le deuxième personnage de la république sud-africaine.
En 1859, cet homme de foi calviniste est l'un des fondateurs de la Gereformeerde Kerk, l’Église réformée du Transvaal.
En 1873, Kruger démissionne du commandement-général de l'armée du Transvaal pour se retirer dans sa ferme de Boekenhoutfontein.
En 1874, sa retraite prend fin avec son élection au conseil exécutif du Transvaal suivi de sa nomination à la vice-présidence du Transvaal.
En 1877, il est l'un des rares dirigeants de la république à s'opposer à l'annexion du Transvaal par les Britanniques. Il se rend alors en Angleterre afin de protester contre l'annexion du Transvaal. En 1878, il fait encore partie de la seconde délégation qui se rend à Londres puis se rend à Paris où il survole la ville à bord d'une montgolfière.
Lorsque les protestions auprès des Britanniques se révèlent vaines, il forme un triumvirat avec Piet Joubert et Marthinus Wessel Pretorius, fils d'Andries Pretorius et ancien président de la république, dans le but de créer un mouvement de résistance.
En 1881, il commande les forces armées boers rebelles. La victoire des Boers à Majuba en 1881 oblige les Britanniques à négocier sérieusement une nouvelle autonomie pour le Transvaal.
En 1883, âgé de cinquante-sept ans, Paul Kruger est élu président de la République sud-africaine (Transvaal), poste auquel il est réélu quatre fois de suite.
En 1884, il parvient à négocier la complète indépendance du Transvaal (Convention de Londres). Lors de son voyage, il mène une tournée triomphale aux Pays-Bas, en Belgique en France et en Espagne. En Allemagne, il est reçu par le Kaiser et le chancelier Otto von Bismarck, lors d'un banquet impérial donné en son honneur.
Calviniste pratiquant, austère, fin politicien, Kruger devient le symbole du Boer résistant aux Britanniques.
À partir de 1886, la ruée vers l'or du Transvaal amène l'État transvaalien à construire des voies de chemins de fer, des rues dans les villes nouvelles et toutes sortes de commodités et de services jusqu'alors inexistants. L'exploitation et l'industrie minières stimulent le commerce et le secteur des transports faisant rapidement du Transvaal le nouveau centre économique de l'Afrique du Sud aux dépens de la colonie du Cap. L'afflux de travailleurs étrangers, les uitlanders, risque dorénavant de menacer le pouvoir politique des Boers mais Kruger refuse de leur accorder la citoyenneté en dépit des pressions britanniques.
En 1893, réélu de justesse face à Joubert, Paul Kruger doit faire face à une plus forte opposition qui lui reproche son inflexibilité et sa politique économique inadaptée aux nouveaux défis de la modernité.
Retranché dans ses convictions tirées littéralement des saintes-écritures, la liberté et la religion sont en fait les axiomes de sa politique. Il est alors considéré comme un homme providentiel par ses compatriotes du Transvaal mais comme un anachronisme par les Britanniques. Son opposition à toutes les demandes britanniques concernant les droits des uitlanders, débouche sur un sérieux antagonisme avec le Colonial Office et la colonie du Cap.
Le raid Jameson sur le Transvaal à la fin de l'année 1895, entrepris par des amis de Cecil Rhodes, premier ministre du Cap, marque l'amorce du déclenchement des hostilités entre Boers et Britanniques. Dans un premier temps, le calme et la détermination de Kruger dans sa gestion du raid Jameson lui permettent de sauver son pouvoir alors que son rival du Cap, Cecil Rhodes, est contraint de démissionner. Mais pour Kruger, le raid Jameson confirme que les Britanniques ne mènent qu'une seule politique basée sur la tromperie, l'intimidation, la pression et le banditisme.
En 1898, Paul Kruger est élu une quatrième fois à la présidence du pays contre le chef de la Cour de justice, John Gilbert Kotzé. Il se venge alors de son opposant en le faisant démettre de sa fonction judiciaire prenant une grande liberté avec la constitution et avec la séparation des pouvoirs. C'est alors qu'un jeune homme politique et avocat originaire du Cap, Jan Smuts, présenta le mémoire en défense de Kruger particulièrement bien argumenté, légitimant le renvoi de Kotzé de la Cour de justice.
Impressionné par les qualités et la rhétorique de Smuts, Kruger fait entrer le jeune avocat de vingt-huit ans dans son gouvernement.
Le 11 octobre 1899, après d'ultimes négociations à Bloemfontein, la seconde Guerre des Boers est déclenchée. Allié à l'État libre d'Orange, le Transvaal est rapidement défait malgré les succès de la résistance boer.
Le 7 mai 1900, Kruger assiste à sa dernière session parlementaire du Volksraad avant de quitter définitivement Pretoria le 29 mai.
En octobre 1900, Kruger rejoint Lourenço-Marquès au Mozambique, d'où il embarque pour l'Europe à bord d'un navire de guerre spécialement envoyé par la reine des Pays-Bas. Il laisse alors Jan Smuts et les généraux boers continuer la guérilla en son absence. Son but est d'obtenir l'aide financière et militaire des gouvernements occidentaux. Il est obligé de laisser sa femme en Afrique du Sud car, trop malade, celle-ci ne peut effectuer le voyage. Il ne la revoit jamais car elle meurt le 20 juillet 1901 alors qu'il est en Europe.
Malgré la sympathie des Européens pour la cause des Boers et le succès de sa tournée en Europe, de Marseille aux Pays-Bas en passant par Paris, Kruger n'obtint aucune aide officielle. Seuls quelques idéalistes vinrent combattre aux côtés des commandos boers.
C'est aux Pays-Bas que Kruger reçoit la nouvelle de la signature du Traité de Vereeniging. En 1902, c'est à Utrecht qu'il y reçoit la visite des généraux boers Louis Botha, Christiaan de Wet et Koos de la Rey.
Ne pouvant revenir dans son pays, Paul Kruger doit alors s'installer d'abord à Saint-Gall puis à Clarens en Suisse où il meurt le 14 juillet 1904.
Son corps est transporté à La Haye avant d'être rapatrié en Afrique du Sud où il est enterré le 16 décembre 1904 au cimetière de Pretoria sur Church Street.
Paul Kruger est une véritable icône afrikaner en Afrique du Sud. Le 10 octobre, jour de sa naissance, fut férié jusqu'en 1994.
Nombreux furent les Britanniques qui s'irritèrent qu'un homme tel Kruger ait pu jouer un rôle aussi majeur dans l'histoire de l'Afrique du Sud. Ils étaient les premiers à qualifier son physique de repoussant et de laid, de se moquer de ses manières grossières et de ses idées qualifiées de réactionnaires. Ils ne pouvaient voir en lui un interlocuteur sérieux et à juste titre, Kruger ne pouvait être qualifié d'homme de la modernité. Pourtant, il était un "représentant typique de la société boer, archétype du dévot, puritain, persévérant, obstiné, individualiste, ne vivant que pour Dieu et pour les siens" .
S'il n'avait pas beaucoup d'instruction, ni de culture générale, cet homme austère et simple était intelligent et perspicace.
Pour Sir Bartle Frere, l'un de ses plus grands opposants, Kruger était "un bonhomme rusé, qui sous des manières faussement clownesques et une ignorance feinte, dissimule des talents considérables". Kruger avait assimilé toutes les ficelles de l'art politique. Il savait diriger, concilier, percevoir et manipuler ses adversaires.
Physiquement, Kruger avait un style reconnaissable avec son inséparable chapeau haut de forme, ses cheveux enduits d'huile de noix de coco qui faisaient la joie des caricaturistes.
Mais il restait un chef d'État simple dont la femme trayait les vaches dans sa résidence officielle de Pretoria. Si son salaire était élevé, il dépensait peu et à sa mort, ses cent-cinquante-six enfants et petits-enfants se partagèrent une somme considérable.
(Mes sources : Wikipedia)